Nouveau candidat d'Équipe Coderre, le maire de Saint-Léonard, Michel Bissonnet, assure ne pas craindre que ses liens avec Bernard Trépanier et Frank Zampino nuisent à sa réélection en novembre.

Denis Coderre a annoncé hier que les cinq élus de Saint-Léonard, tous des anciens d'Union Montréal, se joignaient à son parti politique. «Nous sommes heureux de mettre toute notre expérience au service d'un candidat à la mairie dynamique et intègre comme Denis Coderre», a indiqué Michel Bissonnet, qui briguera à nouveau la mairie de l'arrondissement de Saint-Léonard.

Sa campagne risque toutefois d'être ponctuée de questions sur ses liens avec Frank Zampino et Bernard Trépanier, décrits comme des acteurs centraux dans le système de collusion à Montréal. Le nom de Michel Bissonnet est d'ailleurs revenu à quelques occasions depuis le début de la commission Charbonneau. L'ex-président du comité exécutif de Montréal et l'ancien organisateur politique d'Union Montréal ont tous deux affirmé avoir été de proches collaborateurs de l'actuel maire de Saint-Léonard.

Aidé par «monsieur 3%»?

«Je n'ai rien à me reprocher, rétorque aujourd'hui Michel Bissonnet. Ça fait 35 ans que je suis élu à Saint-Léonard et j'ai toujours été près de la population. Personne ne pourrait dire qu'il m'a versé quoi que ce soit.»

Durant son témoignage à l'enquête publique, l'ingénieur Michel Lalonde, qui a reconnu avoir orchestré la collusion à Montréal, dit pourtant avoir versé 2000$ en 2009 à la campagne de l'actuel maire de Saint-Léonard. L'homme avait précisé avoir remis cet argent à la demande de Bernard Trépanier, qui organisait selon lui la campagne de Michel Bissonnet. «Trépanier m'avait dit: "Tu as eu un petit contrat, pourrais-tu nous donner 2000$, ça va être amplement suffisant. Ça ne sera pas une élection compliquée."»

Michel Bissonnet a nié toute sollicitation depuis son retour en politique municipale, en septembre 2008, quand il a succédé à Frank Zampino à la mairie de Saint-Léonard.

Celui-ci assure que les seuls fonds récoltés pour ses campagnes électorales provenaient de membres de sa famille immédiate.

Cet ancien député provincial nie également que Trépanier, surnommé «monsieur 3%» par plusieurs témoins de la Commission en raison de la ristourne qu'il aurait demandé sur les contrats municipaux, ait été son organisateur politique en 2009. «Il venait juste faire son tour. Il n'y a pas de problème de ce côté-là. M. Trépanier est seulement venu nous donner un coup de main. On ne refuse personne quand ils viennent nous aider.»

Pourtant, Frank Zampino a lui aussi affirmé durant son témoignage que Bernard Trépanier était organisateur de Michel Bissonnet, à qui il dit avoir prêté main-forte à l'élection en 2009. «M. Trépanier, qui organisait cette campagne électorale, a fait appel souvent à moi pour venir faire une présence à des activités. On faisait ça régulièrement», a témoigné M. Zampino.

Michel Bissonnet rejette également cette version des faits, disant que très peu d'activités ont eu lieu durant cette campagne. Autre affirmation contestée, le maire de Saint-Léonard nie que Frank Zampino se soit lancé en politique municipale à sa suggestion en 1986. L'élu affirme plutôt que c'est le père de Frank Zampino qui l'a approché pour lui suggérer la candidature de son fils à une élection dans Saint-Léonard. Bissonnet, qui était alors député provincial, dit avoir simplement présenté le curriculum de Frank Zampino au maire de l'époque.

Une équipe de vétérans

Outre Michel Bissonnet, la majorité des recrues de Denis Coderre dans Saint-Léonard sont des vétérans en politique municipale. Dominic Perri en est à son huitième mandat, Robert L. Zambito son septième et Mario Battista son sixième. En 2009, Union Montréal avait remporté tous les sièges de Saint-Léonard haut la main. Les cinq avaient été élus avec environ les deux tiers des votes.

Des 34 candidats annoncés d'Équipe Coderre jusqu'à présent, 14 sont d'anciens membres d'Union Montréal, le parti de l'ex-maire Gérald Tremblay.