La production d'un livre spécialisé coûte cher à la Ville de Montréal. Un ouvrage sur l'archéologie produit pour le compte de la métropole sera vendu près de quatre fois moins cher que son coût de production.

En 2009, Montréal donnait le feu vert à la production d'un livre d'archéologie tout en couleur afin de retracer 4000 ans d'histoire de la métropole. Le projet devait coûter 82 000$, mais la facture de la Ville a plus que doublé au fil du temps, pour atteindre la somme de 186 000$.

Cette augmentation de coût fait en sorte que chacun des 2000 exemplaires du livre intitulé Lumière sous la ville, quand l'archéologie raconte Montréal coûtera 93$ à produire. Et ce, alors que le prix de vente a été fixé à 25$.

«L'engouement suscité chez les auteurs» explique cette hausse des coûts, selon les responsables du projet. Les 38 auteurs qui ont contribué à la rédaction ont soumis des textes beaucoup plus longs que prévu. Ainsi, le livre qui ne devait avoir que 180 pages en comptera plutôt 300. Bref, il en coûtera plus cher en révision, infographie et impression.

La responsable de la Culture au comité exécutif de Montréal, Élaine Ayotte, avoue avoir «sursauté» en voyant la facture du projet. Elle dit toutefois comprendre qu'un tel document soit onéreux à produire. «C'est un ouvrage de référence et les ouvrages de référence, ce ne sont pas des bestsellers. Ce sont des ouvrages qui coûtent beaucoup plus cher à produire et à documenter. Les ouvrages d'exception coûtent plus cher à publier que Millenium ou Harry Potter», a-t-elle illustré.

Élaine Ayotte ajoute que ce livre permettra d'améliorer la connaissance du grand public du passé de Montréal, en détaillant les résultats de 200 fouilles archéologiques. «Personne va se mettre riche avec ça, mais on contribue à la diffusion d'une forme de culture importante, qui est notre histoire, alors je ne suis pas mal à l'aise avec ça.»

Elle n'est pas la seule à être surprise par le coût. «Il y a des groupes de recherche qui n'ont même pas 100 000$. Et là, pour une publication spécialisée, même si très intéressante, c'est beaucoup», a souligné son collègue Réal Ménard. La question promet de rebondir au conseil municipal, qui doit autoriser l'augmentation des dépenses.

Éditeur depuis plus de 20 ans, le candidat à la mairie Michel Brûlé n'en revient pas des coûts élevés de ce projet d'ouvrage. «Si ce livre était fait à des fins commerciales, oui il coûterait cher, mais il ne coûterait pas plus cher que ce qu'il peut rapporter. N'importe qui faisant un livre comme ça ferait faillite le lendemain. Ce serait suicidaire», s'étonne-t-il.

Coûts de production de Lumière sous la ville

20 mai 2009: 10 000$

23 septembre 2009: 71 500$

23 août 2010: 24 922$

22 mars 2011: 14 500$

7 août 2013: 65 000$

Facture totale: 185 922$

Coût par livre: 93$

Prix de vente: 25$