Depuis des semaines, il était «en réflexion». Le «Montréal inc.» le courtisait, voyant en lui un candidat prestigieux capable de freiner l'élan de Denis Coderre. Marcel Côté a finalement fait le saut et a confirmé mercredi ce que tout le monde savait déjà: il briguera la mairie de Montréal aux prochaines élections.

> Site web de la campagne de Marcel Coté

> Déclaration de la Coalition Montréal



L'économiste de formation, candidat chouchou du milieu des affaires, chapeautera la Coalition pour Montréal dont fera notamment partie la chef de Vision Montréal, Louise Harel.

Celle-ci a annoncé mardi qu'elle renonçait à briguer la mairie, fort consciente de son incapacité à percer dans l'ouest de l'île. M. Côté aura ainsi vraisemblablement comme mission principale de séduire l'électorat de ce secteur à plus forte concentration anglophone et allophone.

A priori, tout semble opposer les deux nouveaux alliés: alors que M. Côté est davantage associé à la droite économique et au fédéralisme, Mme Harel, une ancienne péquiste, se revendique plutôt de la gauche fiscale. Mais l'aspirant à la mairie refuse de parler d'un mariage blanc.

«Il y a aussi plusieurs autres éléments de Montréal (...) qui appuient la coalition, a-t-il lâché. Vous verrez la composition de la coalition se bâtir progressivement d'ici le 3 novembre avec l'adhésion à ce qui est le ciment de la coalition, qui est beaucoup plus qu'un contrat de mariage de raison.»

M. Côté et Mme Harel s'entendent cependant sur le fait que la métropole compte trop d'élus et trop d'arrondissements. Par contre, il n'est pas question de s'attaquer à cet aspect particulier de la gouvernance municipale dans les quatre prochaines années, a tranché mercredi le chef de Coalition pour Montréal.

«Dans les quatre prochaines années, la fusion des arrondissements ou la réduction du nombre d'élus ne figurera pas à l'ordre du jour. Nous devons établir des priorités. Il y a des réformes plus urgentes auxquelles l'on doit s'attaquer», a-t-il affirmé en anglais.

Âgé de 70 ans, l'économiste de formation préconise cependant une décentralisation de la ville-centre vers les arrondissements. Ces derniers seront responsables d'assurer les «services de proximité de base et que tous les Montréalais sont en droit de recevoir», tandis que la seconde aura le mandat d'établir et de mettre en oeuvre les «priorités collectives» de la ville.

Qu'ils soient indépendants ou qu'ils se présentent sous la bannière de Vision Montréal, les candidats sont ainsi invités à se lancer dans l'arène.

Et M. Côté ouvre aussi la porte à ceux qui ont jadis défendu les couleurs de la défunte formation politique Union Montréal, éclaboussée à maintes reprises devant la commission Charbonneau - et ce, même si Mme Harel a souvent exprimé de sérieux doutes sur l'intégrité de certains membres du parti de Gérald Tremblay.

«J'ai bien confiance aux élus anciennement d'Union Montréal (...) Mais si jamais il y a un candidat qui est accusé d'une malversation quelconque, il va être obligé de se retirer jusqu'à temps que la situation soit clarifiée», a-t-il assuré en s'adressant plus particulièrement aux anciens élus qui l'entouraient sur la scène lors du lancement de sa campagne, dont Marvin Rotrand, conseiller municipal de Snowdon et un ancien d'Union Montréal.

Peu connu du grand public, M. Côté devra aussi tâcher de combler l'important déficit de notoriété qui le sépare de l'ancien député libéral Denis Coderre et de Richard Bergeron, qui a été sur toutes les tribunes au cours des derniers mois.

«J'entends me faire connaître de tous les Montréalais d'ici le 3 novembre et, arrivé au fil d'arrivée, je crois que je vais être aussi connu qu'un peu tout le monde, et les Montréalais prendront leur décision sur la base de leur perception des candidats», a fait valoir M. Côté lorsqu'interrogé sur le sujet.

En point de presse, M. Coderre a salué l'arrivée en scène de ce nouveau rival, se disant très heureux que ce dernier vienne «se chauffer à lui». Il a toutefois émis des critiques sur le choix de former une coalition - une nouvelle entité politique qui, selon lui, divise la ville et favorise la mise en place d'un «clientélisme» électoral.

«On commence à dire est versus ouest, les souverainistes contre les fédéralistes, les francophones contre les anglophones. Je n'ai jamais divisé la ville de cette façon», a-t-il plaidé.

«Contrairement à d'autres, je ne me présente pas contre quelqu'un mais pour Montréal», a poursuivi M. Coderre.

M. Bergeron a tapé sur le même clou, taxant à mots couverts M. Côté et ses coalisés d'opportunistes.

«Je me sens confortable avec Projet Montréal (...) avec des gens qui ne sont pas venus à la politique sur un coin de table, qui n'ont pas saisi une opportunité d'être membres d'une alliance électorale à quelques mois d'une élection», a-t-il raillé.

S'il s'agit pour M. Côté d'une première incursion en politique municipale, il s'est déjà fait les dents sur les scènes provinciale et fédérale: il a été conseiller économique du premier ministre du Québec Robert Bourassa, puis conseiller du premier ministre canadien Brian Mulroney.

Fondateur de la firme de consultants Secor, il est titulaire d'un baccalauréat en sciences physiques de l'Université d'Ottawa et d'une maîtrise en économie de l'Université Carnegie Mellon de Pittsburgh. Il est également fellow du Center for International Affairs de l'Université Harvard depuis 1987.

M. Côté devient le quatrième candidat à briguer la mairie de Montréal, après M. Coderre, M. Bergeron et Mélanie Joly. Son programme électoral devrait être rendu public à l'automne.