C'est officiel, les 62 conseillers de Montréal auront cinq choix aujourd'hui pour désigner le maire par intérim de la métropole.

La lutte se fera entre Laurent Blanchard, Harout Chitilian, Alan DeSousa, François Croteau et Jane Cowell-Poitras. Les trois premiers affirment disposer d'une vingtaine d'appuis. M. Croteau, maire de Rosemont-La-Petite-Patrie, est le candidat choisi parmi les dix conseillers du parti de Richard Bergeron, Projet Montréal. Tous ont promis la stabilité et se sont engagés à maintenir le comité exécutif de coalition. Seul M. DeSousa a cependant annoncé des «ajustements» et ne s'est pas engagé à garder tous les membres actuels du comité exécutif.

Le conseil municipal se réunira mardi dès 9h30 pour un scrutin secret à un seul tour. Les candidats auront droit auparavant à un discours de 20 minutes pour présenter leur programme. On s'attend à ce que le maire intérimaire soit désigné en début d'après-midi; il devrait être assermenté le lendemain.

Il y a sept mois, Michael Applebaum avait été élu moins de 11 jours après la démission de Gérald Tremblay, survenue le 5 novembre. Il avait remporté un scrutin extrêmement serré, battant le chef d'Union Montréal, Richard Deschamps, par 31 voix contre 29. Élu un vendredi, il avait été assermenté le lundi suivant.

Arrêté lundi dernier et faisant face à 14 chefs d'accusation liés à des pots-de-vin pour le changement de zonage de deux projets immobiliers, M. Applebaum a démissionné le lendemain. Il a clamé son innocence et assuré n'avoir «jamais pris un sou de personne».

«Un peu de quiétude»

Laurent Blanchard, nommé président du comité exécutif de coalition par l'ex-maire Michael Applebaum, a été le dernier à rendre sa candidature officielle. Ce matin, il s'est présenté devant les médias flanqués de trois conseillers, deux indépendants et une élue de Vision Montréal, «signe que la coalition embrasse large et que j'ai l'intention de travailler en équipe», a-t-il déclaré.

M. Blanchard a lancé d'emblée les deux mots clés de sa candidature : «stabilité et continuité». Pour s'en assurer, il a réitéré son intention de cumuler les postes de président du comité exécutif et maire par intérim. «La coalition semble maintenant faire consensus, tout le monde s'en réclame, a-t-il noté. Nous devons concentrer nos énergies pour servir notre ville et assurer une transition tranquille. Les Montréalais méritent un peu de quiétude.»

Il estime que la présence de cinq candidats dans cette course est un «signe de vitalité démocratique» et a confiance que le conseil va ensuite se rallier autour du gagnant.

Photo André Pichette, La Presse

«Indépendance et jugement»

Harout Chitilian a présenté sa candidature jeudi, deux ans jour pour jour après être devenu le plus jeune président du conseil de l'histoire de Montréal «Pour ne pas patauger dans les zones grises», il a annoncé du même coup sa démission comme président du conseil. Il estime avoir fait preuve depuis deux ans de l'indépendance et du jugement nécessaires pour diriger «cette grande ville d'Amérique» qu'est Montréal,«une ville exemplaire au point de vue de sa diversité, de sa culture et de son histoire».

M. Chitilian, 32 ans, n'a pas caché son ambition de briguer un jour la mairie «mais pas en 2013».

Photo Anne Gauthier, collaboration spéciale

De suppléante à intérimaire

La candidature la plus surprenante a été celle de Jane Cowell-Poitras, la conseillère de l'arrondissement de Lachine qui a remplacé les maire Gérald Tremblay et Michael Applebaum comme mairesse suppléante. Elle qui avait déjà annoncé qu'elle ne solliciterait pas un nouveau mandat après 25 années de vie politique, estime que son principal atout est sa «neutralité».  «Elle est totale, a-t-elle déclaré en point de presse. Comme je compte me retirer, toutes mes énergies seront dirigées sur ce poste. Ce sera une bonne façon de terminer ma carrière en servant les Montréalais.» 

Même si elle n'a jamais siégé formellement au comité exécutif, elle estime disposer d'une expérience certaine, ayant été désignée conseillère associée depuis six ans. Elle s'est notamment occupé de politique familiale et des aînés. «Je crois que j'ai quelque chose de différent à offrir. J'ai vu comment ça fonctionnait.»

Ce sont des collègues du conseil municipal  -elle ne les a pas nommés et n'a pas donné leur nombre- qui l'auraient approchée mardi dernier, le jour de la démission du maire Michael Applebaum, pour qu'elle présente sa candidature. «Ils m'ont dit: 'Tu es en poste, pourquoi pas?' Je n'avais jamais pensé posé ce geste. J'ai réalisé que j'avais un certain appui.» 





Photothèque La Presse

Ne pas répéter «l'erreur» Applebaum

François Croteau, lui, a promis mercredi une «transition tranquille.» «Mon intention n'est pas d'aller chercher la popularité, mais de servir les  Montréalais, a déclaré le maire de l'arrondissement de Rosemont-La-Petite-Patrie. Nous avons vécu un autre épisode triste, il faut maintenant tourner la page. On a besoin de vacances d'ici le 3 novembre prochain.»

Son parti, Projet Montréal, dirigé par Richard Bergeron, a décidé de choisir un candidat à la mairie intérimaire dans ses propres rangs «pour ne pas répéter l'erreur de novembre dernier», a expliqué M. Croteau. Il s'est engagé à maintenir intacte la composition de l'actuel comité exécutif et à ne pas se présenter à la mairie de Montréal le 3 novembre prochain. 





Photo Hugo Sébastien Aubert, La Presse

Le candidat de l'expérience

Quant à Alan DeSousa, maire de l'arrondissement de Saint-Laurent et un des piliers de l'administration Tremblay entre 2001 et 2012, il a présenté sa candidature comme «un reflet de la diversité du Montréal d'aujourd'hui» -il est d'origine pakistanaise. «Mon intégrité a été démontrée en 27 ans de service public, mon nom n'a jamais été terni», a-t-il déclaré lors d'un point de presse au Champ-de-Mars, derrière l'hôtel de ville.

Il a rappelé qu'à titre de responsable des finances au comité exécutif, il avait préparé les budgets 2010 et 2011 de la Ville. «Il faudra préparer le budget pour la prochaine administration, c'est énormément de travail. Je suis celui qui aura le moins à apprendre pour le faire.» Sa tâche principale sera de rassurer les Montréalais, mais également le gouvernement du Québec et les milieux d'affaires. «Je ne suis pas là pour la gloire. On a besoin de quelqu'un qui peut guider le navire vers un havre de paix. On peut rester sur les lignes de côté et regarder le train passer, mais c'est trop facile de toujours blâmer les autres.»

Photo archives La Presse