Assurant n'avoir «jamais pris un sou» et voulant consacrer toutes ses énergies à prouver son innocence, le maire de Montréal, Michael Applebaum, a annoncé sa démission.

Manifestement ému, celui qui a remplacé Gérald Tremblay il y a sept mois n'a fait qu'une courte déclaration de deux minutes avant de quitter le point de presse, sans répondre aux questions de journalistes. D'entrée de jeu, il a déclaré qu'il «maintient (son) innocence». «Je ne veux pas commenter les différentes accusations et les différentes rumeurs, mais j'ai l'intention de me battre comme je l'ai toujours fait et je n'ai jamais pris un sou de personne.»

Il a expliqué sa démission par le fait qu'il ne pouvait combiner ses tâches de maire avec le rétablissement de sa réputation. «Vous comprendrez que je vais miser toutes mes énergies sur ma défense et ma famille. C'est le geste responsable à faire.»

Il a tenu à dire aux Montréalais qu'il les «aimait» et assure avoir toujours travaillé pour eux. «Je vais tout mettre en oeuvre pour rétablir les faits et votre confiance. J'ai la profonde conviction que j'ai toujours agi dans le meilleur intérêt des Montréalais.»

L'ex-maire a assuré qu'il comprenait «la déception, la frustration et le cynisme» des Montréalais «face au climat politique des dernières années».

Critères pour un futur maire

Sa démission a été saluée par les deux chefs de parti au conseil municipal. «C'était la seule chose à faire, estime Louise Harel, de Vision Montréal. Il bénéficie évidemment de la présomption d'innocence, il clame d'ailleurs son innocence. Mais son geste va permettre de trouver un successeur rapidement, peut-être d'ici la fin de la semaine.»

Elle a réitéré son appui au président du comité exécutif, Laurent Blanchard, comme candidat à la mairie d'ici novembre prochain. «Il faut quelqu'un qui soit une garantie absolue d'intégrité, une candidature irréprochable. Il a agi sans partisanerie depuis qu'il est président du comité exécutif.» 

Pour Richard Bergeron, chef de Projet Montréal, il s'agissait d'«un autre épisode dans l'histoire d'horreur d'Union Montréal». «Le meilleur est devant nous, le pire est derrière», a-t-il déclaré. Il en a profité pour énumérer les conditions que devra remplir le prochain maire, qui devra «assurer l'intendance», ne pas avoir fait l'objet d'une enquête policière et s'engager à maintenir la coalition.

«La seule candidature en qui nous puissions avoir confiance provient de nos rangs», a-t-il décrété. Il a présenté le candidat sur lequel son parti s'est entendu: François Croteau, maire de l'arrondissement de Rosemont-La-Petite-Patrie. «Les Montréalais ont besoin de stabilité, qu'il n'y ait surtout plus de chicanes ou de partisanerie politique», a déclaré M. Croteau. Il s'est engagé à maintenir le même comité exécutif en place, à ne pas promouvoir le programme de son parti, dont il quittera momentanément le caucus s'il est élu.

«Il faut assurer une intendance tranquille, en mettant les égos de côté», a expliqué M. Croteau. 

Cette candidature a été rejetée par Louise Harel, qui rappelle que M. Croteau ne siège pas au comité exécutif, une des conditions qu'elle estime sine qua non pour le maire par intérim. 

Un groupe d'indépendants a par ailleurs fait valoir une autre candidature, celle du président actuel du conseil, Harout Chitilian. Anie Samson, mairesse de l'arrondissement de Villeray, a notamment annoncé qu'elle l'appuierait. En entrevue à La Presse, M. Chitilian a tenu à préciser qu'il ne «faisait pas campagne» mais qu'il ne refuserait pas de se porter candidat. «J'ai toujours répondu présent», a-t-il déclaré.

Moins de sept mois après avoir été élu par ses pairs pour succéder à Gérald Tremblay, par un vote serré des conseillers de 31 voix contre 29, Michael Applebaum a été arrêté lundi matin. Il fait face à 14 chefs d'accusation, notamment liés à des dizaines de milliers de dollars qu'il aurait empochés en pots-de-vin liés à deux projets immobiliers dans son arrondissement de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce entre 2006 et 2011, alors qu'il en était maire. Il sera de retour en cour le 8 octobre prochain. Il assumera seul sa défense, a précisé au conseil municipal ce matin Laurent Blanchard. «Il a pris son propre avocat. Les contribuables montréalais ne paieront pas un sou.»

La démission de Michael Applebaum devrait permettre l'ouverture rapide d'une période de mise en candidatures, qui doit durer 72 heures. Techniquement, l'élection du prochain maire pourrait donc avoir lieu dès vendredi 17h.