Montréal a beau investir des centaines de millions dans ses réseaux d'eau et de voirie, leur état ne cesse de se dégrader. Pire, les projets se réalisent souvent sans plan d'ensemble et sans cohérence entre les services, révèle le rapport 2012 du vérificateur général.

Déposé lundi après-midi au conseil municipal, ce rapport, le quatrième signé par Jacques Bergeron, se penche sur les lacunes administratives de la Ville. Il s'est surtout intéressé à deux des postes budgétaires les plus coûteux, la réfection des infrastructures routières et d'eau.

«C'est un rapport très important, qui nous révèle le dysfonctionnement de la Ville en matière d'eau et de voirie, estime Louise Harel, chef de Vision Montréal. On y voit les déficits d'investissement, d'entretien, de planification et de reddition de compte.»

Ce rapport confirme selon elle les constats du comité Léonard, qui recommandait notamment une plus grande centralisation.

Par exemple, en ce qui concerne ses aqueducs et ses égouts, la Ville a investi près de 60 millions à partir de 2005 pour planifier la réfection de son réseau d'eau, ce qu'on appelle un «plan d'intervention». Or, de nombreux projets effectués n'ont jamais été prévus dans ce plan. Jusqu'à la moitié des projets en collaboration avec les arrondissements ne se sont pas réalisés dans l'année prévue.

Malgré des investissements de près d'un milliard, le déficit d'entretien est passé de 1,5 à 3,8 milliards entre 2003 et 2012. Résultat : au lieu d'investir 200 millions par année comme on le croyait en 2003, il faudrait aujourd'hui viser les 400 millions par année.

Artères détériorées

Selon le plus récent portrait datant de 2010, 21% des 845 km d'artères de Montréal sont considérées comme en «très mauvais» ou «mauvais» état.

Or les investissements en 2010 et 2011 sont «nettement insuffisants» pour améliorer la situation, estime le vérificateur général. Alors qu'il aurait fallu investir plus de cent millions par année, on n'a dépensé que 60 millions sur deux ans.

Si les investissements ne sont pas augmentés, la proportion de chaussées et des trottoirs «en bon état» passerait de 53% actuellement à 30% en 2020, prévient le rapport.

Parc Jean-Drapeau

Le vérificateur général a par ailleurs consacré un chapitre entier à la Société du Parc Jean-Drapeau, notamment la rénovation et l'agrandissement de l'édifice du Hélène-de-Champlain. On relève que les coûts sont passés de 7,3 à 16,4 millions. «Il nous apparaît que l'estimation des coûts du projet n'a pas bénéficié de toute la rigueur qui devait lui être accordé», note le rapport. Il accorde la même mauvaise note au processus de planification, déplorant notamment qu'on n'ait jamais défini clairement l'envergure et la portée des travaux à réaliser.

Le rapport sera officiellement présenté mardi aux élus du conseil, lors d'une séance plénière. Le vérificateur général rencontrera ensuite les médias en début d'après-midi.