Éclaboussé par les révélations de la commission Charbonneau, le Parti municipal de Longueuil renonce à présenter des candidats aux prochaines élections, a annoncé son chef, Gilles Grégoire.

Des témoins ont affirmé lors de l'enquête publique que le parti des anciens maires Claude Gladu et Jacques Olivier avait bénéficié de contributions illégales. Une enquête de La Presse avait également démontré en décembre que la formation recevait un nombre anormalement élevé de contribution de 1000$, le maximum permis par la loi.

« En tant que chef du parti, je suis imputable. En tant qu'élu, je suis imputable aussi. Dans ce contexte, je ne permettrai pas en toute conscience qu'une campagne électorale se fasse avec des soupçons aussi graves qui pèsent sur ma formation politique. » Celui-ci ajoute que «des candidatures issues du Parti municipal de Longueuil (PML) seraient des distractions à un processus électoral sain. »

Parti pas dissous

Gilles Grégoire, qui est chef de l'opposition depuis 2010, assure que son parti ne sera pas dissout pour autant. «Il n'y a pas de plan pour dissoudre le PML. Sous ma gouverne, le parti ne présentera pas de candidat. Je ne signerai pas de bulletin de candidature. Le parti sera en veilleuse pour la prochaine élection. Nous ne pouvons pas faire une campagne électorale sans avoir toutes les recommandations de la Commission Charbonneau et du Directeur général des élections.»

Les actuels conseillers du PML souhaitant se représenter devront siéger comme indépendants, a précisé M. Grégoire, en poste de 1996.

Tout comme Union Montréal, le parti a vu ses dons s'effondrer ces dernières années avec la mise en place de l'escouade Marteau et de la commission Charbonneau. Le PML a reçu pour 10 200$ en contributions l'an dernier, essentiellement de ses conseillers en poste à l'hôtel de ville. Le parti est même ressorti de 2012 avec un déficit.

Contrairement à Union Montréal qui garde encore beaucoup d'argent dans ses coffres malgré ses difficultés financières, le PML ne dispose plus que de 11 463$ d'encaisse, précise son plus récent rapport financier.

Révélations

Lors de son témoignage en mars, un vice-président de SNC-Lavalin, Yves Cadotte, a affirmé que sa firme a fait des contributions illégales au PML. Selon lui, un stratagème de partage des contrats a sévi à Longueuil en échange de financement politique. Outre SNC-Lavalin, les firmes Dessau, Groupe SM, Génivar et Cima+ se sont ainsi partagé pendant quelques années les contrats de génie de la principale ville sur la Rive-Sud.

Yves Cadotte a affirmé avoir lui-même livré de l'argent comptant pour les élections de 2005 et 2009 à Longueuil. L'ingénieur n'a toutefois pas été en mesure de préciser les sommes offertes, se rappelant seulement qu'il s'agissait de quelques dizaines de milliers de dollars. Il affirme avoir ainsi offert de l'argent pour Jacques Olivier par l'intermédiaire d'André Létourneau. Quand Claude Gladu a pris la relève en 2009 à la barre du PML, il dit avoir continué à livrer de l'argent par l'intermédiaire de Serge Sévigny.

En décembre, La Presse révélait que jusqu'à 90 % du financement du PML provenait de dons de 1000 $, le maximum permis par la loi. Seulement deux donateurs avaient offert moins de 100 $ en 2001. Cette performance est inusitée puisqu'aucun parti municipal au Québec n'a jamais réussi une telle récolte.

Photo: Bernard Brault, Archives La Presse

L'ex-maire de Longueuil, Claude Gladu.

Photo archives La Presse

Jacques Olivier