Alors que se prépare une nouvelle manifestation contre la brutalité policière pour ce vendredi, la police de Montréal a prévenu qu'elle continuera d'exiger un itinéraire des marcheurs et qu'elle ne laissera personne contourner le règlement municipal P-6 en publiant des trajets improvisés sur internet.

Une «vigile silencieuse et pacifique à la chandelle contre la brutalité policière» doit avoir lieu à la place des Festivals vendredi soir. Près de 800 personnes y ont déjà confirmé leur présence sur Facebook.

Un résident de Québec, Sébastien Lambert, avait pris l'initiative de publier un itinéraire pour la manifestation sur Facebook et de l'envoyer à plusieurs médias ainsi qu'au SPVM. M. Lambert n'était pas l'organisateur et ne comptait pas participer lui-même à la manifestation, expliquait-il, mais il souhaitait ainsi éviter certains problèmes. Plusieurs manifestations récentes ont en effet été déclarées illégales en vertu du règlement municipal P-6, qui exige la divulgation des itinéraires.

«Je veux juste qu'un itinéraire soit fourni, et qu'il reste une trace de cela, puisqu'il semble bien que ce soit la principale critique qui revient toujours dans l'opinion publique. Comme ça, il y a un itinéraire, si les gens veulent le suivre, ils le peuvent, et la police a cet itinéraire en mains. On fournit l'itinéraire, on va voir ce qui va se passer» , avait expliqué le jeune homme en entrevue au quotidien Le Devoir.

La police de Montréal n'a accordé aucune légitimité à sa démarche.

«Pour nous c'est peu sérieux, de la part de quelqu'un qui annonce qu'il ne sera même pas là, prévient le commandant Ian Lafrenière, du SPVM. Le but c'est de pouvoir encadrer la manifestation et fermer des rues pour la sécurité des manifestants. Si les gens veulent se déplacer sur la rue, ils doivent remettre un itinéraire, ça ne doit pas être loufoque, il doit être approuvé et on doit avoir une personne responsable qui nous dit qu'il sera suivi. Si quelqu'un par exemple annonce qu'ils s'en vont sur le boulevard Métropolitain, on va leur dire que c'est une mauvaise idée.»

«Autrefois, pour 95 % des manifestations, on nous fournissait un itinéraire, et tout se passait bien. Là il y a une nouvelle mode depuis l'an passé de ne pas donner le trajet», affirme-t-il.

Le commandant refuse de dire à l'avance si la police prévoit encore des arrestations de masse en cas de refus de fournir l'itinéraire. Vendredi dernier, une manifestation soulignant le premier anniversaire de la grande marche de 22 mars 2012 a été déclarée illégale et bloquée par les policiers dès son départ.

Le ministre Jean-François Lisée a invité les manifestants à donner leur itinéraire cette semaine. De leur côté, Québec Solidaire, la clinique d'aide juridique Juripop et l'Association des juristes progressistes ont dénoncé le règlement et se sont inquiétés de ses répercussions sur le droit de manifester.