La troisième plaignante à témoigner dans le cadre du procès de Jian Ghomeshi pour agression sexuelle a révélé, lundi, qu'elle avait rencontré l'ancien animateur vedette de la radio de CBC à un festival de danse de Toronto au début des années 2000.

La femme, dont l'identité ne peut être dévoilée, a précisé qu'elle avait déjà été présentée rapidement à Ghomeshi, mais qu'elle avait réellement fait sa connaissance au festival.

Elle a raconté qu'il s'était approché d'elle par-derrière, avait passé ses bras autour de ses épaules et, à quelqu'un qui lui demandait comment ils s'étaient rencontrés, avait répondu qu'ils étaient fiancés.

La femme a ajouté qu'elle avait soupé avec lui un soir durant le festival et l'avait plus tard rejoint dans un coin retiré d'un parc voisin où ils s'étaient embrassés.

La plaignante a expliqué qu'alors qu'ils s'embrassaient, elle avait senti sa main et ses dents sur son épaule puis ses mains remonter vers son cou et l'entourer.

Elle a confié avoir eu l'impression qu'un changement s'était produit chez Jian Ghomeshi, comme s'il n'était plus la même personne. Lorsqu'elle a essayé de se libérer de son étreinte, il a placé sa main sur sa bouche, «l'étouffant, en quelque sorte».

Par la suite, aucune parole n'a été prononcée. La femme a dit avoir quitté le parc et pris un taxi pour rentrer chez elle.

Après le présumé incident, le témoin a admis avoir revu Jian Ghomeshi, expliquant qu'ils étaient allés au restaurant et prendre quelques verres avant de se rendre chez elle pour un échange «romantique».

Le procureur Michael Callaghan a indiqué que la plaignante n'avait pas fait part de cette histoire aux policiers lorsqu'elle a porté plainte pour agression sexuelle. Interrogée à ce sujet, elle a répondu n'avoir rien dit au départ parce qu'elle ne croyait pas que c'était pertinent et aussi parce qu'elle avait honte.

Audience à huis clos

Le témoignage de la femme, lundi, avait été précédé par une audience à huis clos réclamée par l'avocate de Ghomeshi, qui a déclaré que la déposition faite à la police par la dame, vendredi, n'avait pas été transmise intégralement à la défense avant dimanche.

Marie Henein a précisé que la plaignante avait effectué la déposition après avoir pris connaissance de reportages sur le procès, ce qu'elle n'était pas censée faire.

Me Callaghan a affirmé qu'il n'y avait eu aucune tentative de la part de la poursuite pour induire la défense en erreur. Il a ajouté que la Couronne avait d'abord fourni à la défense un résumé des nouveaux renseignements avant de lui donner une version détaillée, dimanche.

Ce revirement est survenu alors que le procès de l'ex-animateur âgé de 48 ans entame sa deuxième semaine.

Jian Ghomeshi fait face à quatre chefs d'accusation d'agression sexuelle et un chef d'avoir tenté d'étouffer, de suffoquer ou d'étrangler une personne dans le but de vaincre sa résistance. Il a plaidé non coupable.

Ghomeshi avait reconnu en 2014 s'être adonné à des pratiques sexuelles brutales, mais avait assuré que ses partenaires étaient consentantes.

La semaine dernière, l'ex-actrice Lucy DeCoutere, la seule des trois plaignantes pouvant être nommée publiquement, a témoigné devant le tribunal.

Me Henein a procédé à un contre-interrogatoire serré de Mme DeCoutere concernant des courriels qu'elle a envoyés à son client.

Dans l'un d'eux, transmis quelques heures après l'agression présumée, Lucy DeCoutere exprime son désir d'avoir une relation sexuelle avec Jian Ghomeshi.

Mme DeCoutere avait cependant fait valoir que cela ne changeait rien au fait que l'accusé avait soudainement commencé à l'étrangler et à la frapper alors qu'ils s'embrassaient dans sa chambre à l'été 2003.

Avant le témoignage de Lucy DeCoutere, la première plaignante avait raconté au tribunal comment Jian Ghomeshi avait tiré ses cheveux durant une séance de baisers dans sa voiture et, à une autre occasion, tiré de nouveau ses cheveux en plus de la frapper à la tête alors qu'ils s'embrassaient dans son salon.

La femme a d'abord soutenu qu'elle n'avait pas communiqué avec Ghomeshi après ces agressions alléguées, exception faite d'un courriel de reproches qu'elle lui avait peut-être transmis.

À la suite de cette déclaration, l'avocate de la défense a présenté deux courriels amicaux envoyés par la plaignante à son client quelques mois plus tard, dont l'un accompagné d'une photo de la femme en bikini.

Le témoin a affirmé avoir agi de la sorte pour «appâter» l'ancien animateur afin qu'il communique avec elle et qu'elle puisse lui demander des explications à propos de son comportement.