À grand renfort de grenades assourdissantes, la police de Longueuil a procédé jeudi à l'arrestation du suspect d'un odieux braquage de domicile. La scène s'est jouée en matinée à Laval, semant l'émoi dans un paisible quartier résidentiel.

Les hommes du groupe d'intervention tactique de la Rive-Sud ont investi un petit bungalow que le suspect louait depuis le mois de juillet rue Saint-Paul, près de la marina Venise, dans le quartier Sainte-Rose de Laval.

Pour s'assurer de neutraliser toute possibilité de riposte ou de fuite de leur cible, les policiers ont lancé dans la maison des grenades assourdissantes similaires à celles qu'utilise le SPVM lors de manifestations.

L'homme de 27 ans, médusé par cette intervention inattendue, n'a pas résisté à son arrestation.

Pour pouvoir procéder à ce type d'entrée dynamique, la police a besoin d'un mandat particulier délivré par un juge qui doit avoir été convaincu que le suspect peut être dangereux.

«L'évaluation du risque que nous avions faite quant à la dangerosité du suspect et à la présence chez lui de chiens de garde nous a convaincus de la nécessité d'user de cette diversion sonore», a expliqué l'inspecteur Jean-François Robert, de la police de Longueuil.

L'intervention a semé l'émoi dans le quartier.

«On a entendu trois grosses détonations. Je suis sorti dehors et j'ai vu de la fumée bleue qui sortait de la maison et des policiers armés qui m'ont fait signe de rentrer chez moi», a raconté un voisin immédiat.

Des résidants du secteur ont d'ailleurs alerté la police de Laval pour signaler ce qu'ils croyaient être des coups de feu.

Selon la police de Longueuil, l'homme a commis un sauvage braquage de domicile le 8 avril rue Boisbriand. Deux complices et lui se seraient rendus sur les lieux à bord d'un véhicule utilitaire sport sur lequel ils avaient apposé un faux logo d'Hydro-Québec.

Un des braqueurs, qui portait un dossard jaune fluorescent, a cogné à la porte de sa victime, une femme de 70 ans dont le mari était absent, en se faisant passer pour un employé de la société d'État.

Lorsqu'elle a ouvert, l'homme est entré de force et a été rejoint par un complice.

Ils ont ligoté la dame et, sous la menace, lui ont soutiré la combinaison de son coffre-fort, qu'ils ont vidé de ses bijoux. La dame a dû être hospitalisée pour des blessures mineures.

«Les suspects connaissaient la dame par personne interposée. Ils avaient entendu dire qu'elle et son mari avaient accumulé au fil de leurs voyages une quantité de pierres précieuses», raconte l'inspecteur Robert, qui précise qu'il y en avait pour plusieurs dizaines de milliers de dollars.

Le travail d'enquête a permis de remonter à l'homme de Laval.

«C'est un crime odieux. Nous l'avons placé dans nos priorités et avons mobilisé toutes les ressources nécessaires pour le résoudre», poursuit l'inspecteur.

Après l'arrestation du suspect, on a perquisitionné chez lui et saisi un véhicule Chrysler Pacifica pour inspection. On tentera notamment d'y trouver des traces de sang à l'aide du luminol.

Les policiers croient que c'est ce véhicule qui a été maquillé en voiture d'Hydro.

L'interrogatoire de l'homme a aussi permis l'arrestation d'un deuxième suspect, âgé de 47 ans.

Les deux ont un dossier judiciaire, mais l'inspecteur Robert ne peut les lier à d'autres crimes similaires pour le moment.

«Nous croyons qu'ils ont agi parce que l'occasion s'est présentée», dit-il

Les suspects comparaîtront cet après-midi au palais de justice de Longueuil.

Il pourrait y avoir un troisième suspect.