Leur rigueur et leur manie de noter et de conserver la moindre transaction ont contribué à couler deux présumés trafiquants de drogue qui ont été arrêtés à Montréal avant Noël et qui n'ont pu obtenir leur libération sur cautionnement.

Rémi Godbout St-Louis, 34 ans et Sébastien Vandal, 35 ans, sont soupçonnés d'avoir dirigé un lucratif réseau de trafic de cocaïne, de marijuana et de méthamphétamine qui opérait vraisemblablement dans le quartier Rosemont. Le 16 décembre, les deux hommes et trois présumés vendeurs sur la rue ont été arrêtés par les enquêteurs des Stupéfiants de la Région Nord, après une enquête de quelques mois amorcée grâce à des informations de sources. Durant l'enquête, les policiers ont utilisé un agent civil pour effectuer des achats de drogue contrôlés avec des billets marqués et ont intercepté l'un des vendeurs le 19 novembre, pour susciter des réactions.

Dans la cache de drogue du réseau, aménagée dans un 1 et demi pratiquement pas meublé de la rue Holt, les enquêteurs ont découvert de la comptabilité remontant à aussi loin que 2006. La comptabilité des présumés trafiquants étaient divisée en trois colonnes, une pour chacune des trois sortes de drogues offertes. Chaque semaine, les suspects notaient sur une feuille chacun des approvisionnements et les ventes de tous les vendeurs, avec leurs prénoms ou surnoms, et faisaient des copies carbone de chacune d'entre elles. Les mêmes pages, de couleurs différentes, ont été trouvées chez Godbout-St-Louis et Vandal. Autre preuve accablante, les pertes subies lors de l'arrestation du vendeur ont été inscrites le jour du 19 novembre 2015 dans les documents trouvés par les enquêteurs. Le stationnement du restaurant, où l'agent civil d'infiltration avait l'habitude de faire ses achats, était même noté à plusieurs reprises, avec les quantités exactes de drogue achetées chaque fois.

Plus de 40 000$, éparpillés un peu partout dans la maison, ont été retrouvés chez Godbout-St-Louis, propriétaire d'une petite entreprise de distribution alimentaire, et 10 000$ chez Vandal, actuellement sans emploi.

Dans la cache, les policiers ont saisi une quantité de différentes drogues évaluées à plus de 400 000$. Mais ils croient, selon des sacs contaminés à la cocaïne retrouvés, que l'organisation a pu écouler pour plus d'un million de dollars de stupéfiants.

Les deux hommes ont des antécédents judiciaires en semblable matière, mais qui remontent à 2001 dans le cas de Godbout-St-Louis.

Le juge Serge Boisvert de la Cour du Québec a refusé de les remettre en liberté en attendant la suite des procédures et a notamment souligné la violence engendrée par la vente de stupéfiants durant les plaidoiries.

«Il n'y a pas de trafic de stupéfiant organisé sans violence. Si la violence n'est pas exercée par les accusés, elle l'est par d'autres personnes. On a juste à voir ce qui se passe dans les cartels de drogues. Le trafic de stupéfiants est à la source de la grande majorité des violences dans notre société actuellement», a dit le magistrat.

Drogues saisies dans la cache de la rue Holt :

-2311 comprimés de speed, des pilules Ice avec le point bleu  (Valeur de revente :11 000$ )

-12 726 gr de marijuana (109 000$)

-2,2kg de cocaïne (282 000$)

-207 comprimés d'ecstasy (1035$)

-Plus de 20 grammes de crack (5000$)

Pour joindre Daniel Renaud en toute confidentialité, composez le (514) 285-7000, poste 4918, ou écrivez à l'adresse postale de La Presse.