Philistin Paul, alias «Crazy», condamné à huit ans de pénitencier en 2011 pour avoir déchargé son arme en direction d'un ancien membre de gang devenu travailleur de rue, n'a pas le droit de mettre les pieds dans les quartiers Montréal-Nord et Rivière-des-Prairies jusqu'à la fin de sa sentence.

Paul, 37 ans, un membre influent des gangs de rue d'allégeance Rouge selon la police, est libéré d'office, après avoir purgé les deux tiers de sa peine. En raison des forts risques de récidive, les commissaires aux libérations conditionnelles lui imposent de sévères conditions visant à limiter ses mauvaises fréquentations, un facteur contributif de sa criminalité selon eux.

«Compte tenu de l'important climat d'instabilité qui règne actuellement au sein des gangs de rue à Montréal et considérant vos affiliations reconnues en la matière, il vous sera interdit de fréquenter les secteurs de Montréal-Nord et de Rivière-des-Prairies, sauf avec l'autorisation préalable de votre surveillant de libération conditionnelle. La fréquentation de ces secteurs pourrait rapidement augmenter le risque de récidive que vous présentez», écrivent les commissaires dans une décision rendue le 29 janvier.

Paul devra également demeurer en maison de transition, éviter toute personne qu'il sait ou soupçonne être impliquée dans des activités criminelles, ne pourra consommer de drogue, devra posséder un seul téléphone cellulaire et fournir un relevé de ses appels. 

Lors de représentations devant la commission, son avocate a indiqué que compte tenu de ses moyens, Paul pourra seulement se payer un téléphone à la carte qui ne permet pas de relevé. Les commissaires ont tout de même décidé de lui imposer cette condition. Au départ, Philistin Paul s'était aussi opposé à son envoi en maison de transition et a menacé de ne pas y aller, avant de se raviser.

Sujet d'intérêt

Le séjour de Paul au pénitencier s'est déroulé en deux temps. Durant la première partie, il a été un sujet d'intérêt pour la sécurité préventive, commettant quatorze infractions disciplinaires graves et huit mineures. Mais plus récemment, il a complété avec succès un programme de prévention de la violence et les commissaires notent une certaine accalmie au niveau de son comportement. 

«Vous avez une propension à recourir aux armes. Lors d'une audience, vous avez d'ailleurs reconnu que la possession et l'utilisation d'armes étaient fréquentes dans le cadre de vos activités criminelles», s'inquiètent les commissaires. 

Le quatre juin 2010, à l'angle des rues Pascal et Lapierre dans le secteur Montréal-Nord, Philistin Paul a tiré une fois sur Beauvoir Jean, fondateur des Master B devenu travailleur de rue, alors que ce dernier tentait de séparer deux jeunes qui se disputaient. 

En remettant l'arme à sa ceinture, Paul s'est blessé à une jambe lorsqu'un second coup serait parti accidentellement. 

Devant les commissaires l'an dernier, Philistin Paul a dit vouloir se dissocier des gangs de rue.