Craignant pour sa sécurité et celle de ses proches, la  candidate à la mairie de Laval, Claire Le Bel, poursuivra dorénavant sa campagne électorale sous protection policière.

En conférence de presse ce matin, Mme Le Bel est apparue très ébranlée, répondant avec beaucoup d'hésitation aux questions des journalistes qu'elle avait convoqués pour expliquer sa rencontre avec l'ex-maire Gilles Vaillancourt qui lui a offert une aide discrète. «Quand tu fais affaire avec quelqu'un qui accusé de gangstérisme, ça veut dire qu'il n'est pas tout seul. J'ai peur un peu», a déclaré Mme Lebel qui estime que M. Vaillancourt a compris qu'il a été «piégé».

Elle a également souligné «la coïncidence» de l'agression dont a été victime hier son directeur de campagne, Reny Gagnon, la journée même où La Presse révélait l'intervention de M. Vaillancourt et que Radio-Canada diffusait des extraits de la conversion entre M. Vaillancourt et Mme Le Bel. Cette dernière n'a pas caché son inquiétude. «Oui, c'est inquiétant, mais je l'étais avant», a-t-elle affirmé.

C'est le 13 août dernier que Gilles Vaillancourt a téléphoné une première fois à Mme Le Bel qui avait créé son parti quelques jours auparavant. Elle a indiqué avoir d'abord refusé de le rencontrer. Mais devant son insistance, elle a accepté de le rencontrer dans son local électoral. Mme Lebel était accompagnée de deux personnes, dont son directeur de campagne qui a été agressé hier.

C'est à ce moment, que l'ex-maire Vaillancourt qui est accusé notamment de corruption, de fraude et de gangstérisme, qui a proposé à Mme Le Bel de l'aider dans sa campagne notamment en faisant quelques appels auprès de ses «gars» pour le financement. Dès le lendemain, elle sonnait l'alerte.

Mme Le Bel a d'abord contacté la commission Charbonneau où on lui a dit qu'il ne s'agissait pas d'un «dossier prioritaire». Par la suite, elle a frappé à la porte de l'escouade Marteau de l'Unité permanente anticorruption (UPAC). Le 20 août, une rencontre avec la police avait lieu. Ce n'est toutefois que la semaine dernière que Claire Le Bel a prévenu les enquêteurs qu'elle entendait rendre public cet événement.

La candidate d'Option Laval ne s'avance pas sur les motivations de Gilles Vaillancourt sinon que pour souligner que c'est un homme «intoxiqué par la politique».

Dans une déclaration officielle, elle a invité tous les politiciens à dénoncer «les menaces et l'intimidation». «Au Québec, nous en avons assez des implications douteuses et immorales d'individus corrompus au sein de nos campagnes électorales. Pour moi, la seule façon de reconstruire le lien de confiance avec la population, c'est d'avoir le courage de dénoncer et de dire non», a-t-elle soutenu.

Cette dernière reconnaît, par ailleurs, que sa campagne électorale vient de connaître un élan imprévu, lui accordant un avantage au plan de la notoriété. «Au moins, les gens vont me reconnaître», a-t-elle laissé tomber avant de raconter avoir beaucoup hésité avant de parler publiquement de l'intervention de Gilles Vaillancourt. «Je ne voulais pas que ce soit vu comme un geste partisan. Mais c'est plus important de dénoncer», a-t-elle précisé.

Mme Le Bel dit faire confiance aux Lavallois qui feront le choix de «l'honnêteté, de la franchise, de l'intégrité» le 3 novembre prochain. «Maintenant, il faut revenir à l'essentiel. J'ai du porte-à-porte à faire», a-t-elle affirmé.

«C'est dégoûtant», dit le ministre Gaudreault

À Québec, le ministre des Affaires municipales, Sylvain Gaudreault, s'est dit «renversé» par les propos tenus par Gilles Vaillancourt lors de sa rencontre avec Claire Le Bel. «Sérieusement, là, ce que j'ai entendu hier (lundi), je trouve ça dégoûtant. Je n'ai pas d'autres mots que ça», a-t-il lancé.

Selon lui, «on ne peut pas dire aujourd'hui qu'il y a un nouveau système en place» à Laval comme l'a affirmé M. Vaillancourt. Il a ajouté que les policiers vont faire enquête à partir des enregistrements faits par Mme Le Bel. «On a mis beaucoup de mesures en place depuis un an pour lutter contre ça, et on va continuer», a-t-il dit. «Il faut combattre ce climat-là. C'est ce climat-là qu'on dénonce depuis un an. La meilleure solution, c'est de continuer à croire à la démocratie municipale et d'aller voter.»

- Avec Tommy Chouinard