Une indemnité de départ de 235 000 $ pour trois mois de travail : c'est ce qui a été accordé à la directrice des finances de l'Université Concordia, qui affiche pourtant un déficit de 8 millions cette année, lorsqu'elle a quitté son poste en novembre.

C'est deux fois plus que l'indemnité touchée par Stéphane Bédard, ex-député du Parti québécois, ancien leader parlementaire et chef intérimaire, en octobre dernier, après 17 ans à l'Assemblée nationale. L'ex-PDG de l'Agence métropolitaine de transport Nicolas Girard a quant à lui reçu 103 000 $ lorsqu'il s'est fait montrer la porte après trois années de service.

Sonia Trudel, une comptable de formation, a été embauchée en grande pompe en août dernier par l'université montréalaise à titre de chef de la direction financière. Dans un communiqué, l'établissement vantait la vaste expérience de sa recrue, notamment dans le secteur public, et sa capacité à gérer des crises financières semblables à celle vécue en ce moment par l'université.

Quatre-vingt-dix jours plus tard, Concordia, un établissement public financé en grande partie par le gouvernement du Québec, annonçait la démission de sa nouvelle cadre supérieure, «à la suite d'une entente à l'amiable» dont les détails n'ont pas été dévoilés.

Selon des documents obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, Sonia Trudel a quitté son poste avec en poche une indemnité de départ de 235 000 $, soit l'équivalent d'une année de salaire. Une somme largement supérieure au minimum prévu par la loi, surtout en cas de démission et pour une aussi courte période en fonction. Cette indemnité était toutefois prévue à son contrat, révèlent les mêmes documents.

Précisons qu'avant de coiffer le chapeau de directrice des finances, Mme Trudel n'occupait pas d'autres fonctions à Concordia. Elle a été recrutée à l'externe. Elle a préalablement agi à titre de directrice générale des services immobiliers à Radio-Canada et directrice de Nexador, une filiale de SNC-Lavalin.

L'université en déficit

Quatre mois avant son embauche par Concordia, l'université annonçait un déficit de 8 millions pour l'année financière à venir et déplorait les compressions imposées par Québec au réseau universitaire de la province.

Pour «poursuivre notre essor durant les dix prochaines années, nous devons continuer de faire des investissements stratégiques», écrivait alors le recteur Alan Shepard dans un communiqué diffusé sur l'internet, parlant d'un «contexte budgétaire extrêmement rigoureux».

L'Université Concordia explique avoir «rempli ses obligations contractuelles envers Mme Trudel». «Nous ne pouvons pas fournir de plus amples informations au sujet de son emploi à l'Université. Il s'agit de renseignements personnels que nous ne pouvons pas commenter», a indiqué la porte-parole Christine Mota.

- Avec la collaboration de William Leclerc

PHOTO: UNIVERSITÉ CONCORDIA

Sonia Trudel

Ce que dit la loi

- En cas de congédiement ou de licenciement : Une indemnité de départ allant de une à huit semaines de salaire selon l'ancienneté doit être versée à l'employé s'il n'a pas été avisé qu'il perdait son emploi dans un délai suffisant. Cela ne s'applique pas aux employés qui ont moins de 3 mois de service continu. Mme Trudel avait travaillé exactement trois mois, soit du 17 août au 16 novembre.

- En cas de démission : La loi ne prévoit aucune indemnité lorsque l'employé quitte de lui-même ses fonctions. L'employeur doit simplement lui verser l'équivalent de son indemnité de vacances, le fameux 4%.