Les commissions scolaires préparent leur riposte. Elles envisagent de ne pas faire de compressions pour compenser la réduction de taxes que le gouvernement leur impose pour l'an prochain. Résultat: elles plongeraient toutes en déficit, même si la loi le leur interdit, mettant ainsi le gouvernement dans l'embarras.

«Si on fait ça tous ensemble, c'est tout un message qu'on envoie, et le gouvernement va se retrouver avec un moyen problème!» a lancé à La Presse, mercredi, la présidente de la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ), Josée Bouchard. Québec serait en effet forcé de placer les commissions scolaires en quasi-tutelle, ce qui provoquerait un casse-tête administratif au ministère de l'Éducation. «Si le gouvernement est convaincu que c'est possible de couper encore, sans toucher aux services aux élèves en plus, qu'il vienne le faire à notre place», a affirmé Mme Bouchard.

Comme les commissions scolaires sont dans le périmètre comptable du gouvernement, leurs déficits compromettraient également l'atteinte de l'équilibre budgétaire.

Josée Bouchard est sortie furieuse, mardi soir, de sa rencontre avec la première ministre Pauline Marois et la ministre de l'Éducation Marie Malavoy. Québec a décidé de forcer les commissions scolaires à réduire les taxes de 100 millions de dollars en deux ans, à partir de 2014. Elles seraient ainsi contraintes de réduire leurs dépenses pour compenser le manque à gagner, ce qu'elles refusent de faire. L'opération ne peut se réaliser sans toucher aux services aux élèves, estime Mme Bouchard. Elle a rappelé que les compressions ont atteint 643 millions en trois ans. «Les gens sont démotivés. Il y en a qui appellent à la désobéissance», a-t-elle souligné.

En vertu de la loi, les commissions scolaires ne peuvent pas faire de déficit. Si elles en font, elles doivent obtenir une autorisation du Ministère et convenir d'un plan de redressement. La FCSQ prévoit que la moitié des commissions scolaires seront en déficit cette année. Notons qu'elles ont 1 milliard de surplus accumulés, dont la moitié est constituée d'actifs comme la valeur des bâtiments et des terrains, selon la FCSQ. Québec limite la part des surplus que les commissions scolaires peuvent utiliser pour équilibrer leur budget.

Hypocrisie et électoralisme

À l'Assemblée nationale, l'opposition a accusé Pauline Marois d'hypocrisie et d'électoralisme dans sa décision de forcer les commissions scolaires à réduire les taxes. Les porte-parole de l'opposition estiment que le gouvernement les a lui-même incitées à augmenter la facture des contribuables pour compenser les compressions budgétaires de 200 millions de dollars. Il est donc mal placé pour les critiquer aujourd'hui, selon eux.

Pauline Marois a répondu elle-même aux critiques de l'opposition en l'absence «pour des raisons familiales» de sa ministre de l'Éducation, Marie Malavoy. «Nous pensons que ça n'a pas de bon sens que les commissions scolaires aient refilé une note aussi élevée aux citoyens [des hausses de taxes de 193 millions]. Nous leur demandons donc de corriger le tir», a-t-elle plaidé.

La première ministre a nié partir en guerre contre les commissions scolaires. «Nous pensons qu'il faut revoir le système [de taxation foncière], et nous allons vers ça sereinement», a-t-elle dit, rappelant la création prochaine d'un comité d'experts sur la gouvernance et le financement des commissions scolaires.