Il n'est pas question de démanteler le réseau de l'Université du Québec (UQ), a signalé dimanche le ministre de l'Enseignement supérieur, Pierre Duchesne.

Cette recommandation, contenue dans le rapport du chantier sur une loi-cadre des universités déposé mercredi dernier, passerait par l'abrogation de la Loi sur l'UQ. Celle-ci a été votée en décembre 1968 à l'Assemblée nationale.

Or, selon le ministre Duchesne, le réseau universitaire a toujours sa raison d'être, notamment car il s'agit d'une porte d'entrée pour les diplômés de première génération, qui sont environ 70% à avoir fréquenté l'un des établissements de l'UQ.

«Le réseau des universités du Québec, qui est étendu sur l'ensemble du territoire, a révélé à quel point il était utile et à quel point il a permis une véritable démocratisation de l'enseignement supérieur», a déclaré le ministre en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne.

«Il n'est pas question de remettre en question ce réseau-là; il est là pour rester», a tranché M. Duchesne.

À l'heure actuelle, les dix établissements, instituts et écoles du réseau de l'UQ sont régis par une législation qui diffère de celles auxquelles doivent se soumettre les universités dites «à charte», considérées plus prestigieuses.

«Ces distinctions législatives formelles servent parfois de trame à un discours hasardeux, mais répandu qui assigne des vocations différentes aux deux types d'universités», ce qui «suggère tacitement un système à deux vitesses», ont écrit dans leur rapport les coprésidents du chantier, Lise Bissonnette et John Porter.

Quelques heures après le dépôt du document, la direction de l'UQ a fait valoir dans une déclaration que la proposition laissait en suspens «de nombreuses questions stratégiques pour l'avenir de la société québécoise, notamment en région».

De leur côté, la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) et la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ) ont très mal reçu l'idée et exhorté Pierre Duchesne à rejeter le démantèlement de ce «fleuron québécois en terme d'enseignement supérieur».

En fait, les fédérations ont tiré à boulets rouges sur l'ensemble du rapport Bissonnette/Porter - sur le plan de la gouvernance universitaire, en particulier, les recommandations ne font qu'«effleurer les problèmes de gestion des universités québécoises», ont déploré la FECQ et la FEUQ.

Les coprésidents ont mis de l'avant l'idée que chaque institution se dote d'un code de pratiques encadrant le fonctionnement de ses instances supérieures, dont les conseils d'administration.

Mode de nomination des recteurs, rôle et composition des conseils d'administration, procédure de sélection des administrateurs: les universités devraient inclure ces éléments - entre autres - à leur code et être tenues d'appliquer celui-ci en vertu de la loi, préconise-t-on dans le rapport.

«On va regarder ce qui en est, mais on est conscients que tout ce qui concerne la reddition de comptes, c'est une demande du public: plus de transparence dans la gestion, des conseils d'administration qui soient des solides piliers d'intégrité», a indiqué le ministre Duchesne.

«La reddition de comptes doit se faire, et l'État québécois a un rôle à jouer là-dedans. Les universités sont toutes des universités publiques qui sont subventionnées à majorité par l'État», a-t-il ajouté, faisant valoir que le gouvernement et les établissements universitaires devaient par conséquent travailler main dans la main.

Les fonctionnaires du ministère de l'Enseignement supérieur effectueront une analyse exhaustive du rapport de ce chantier, l'un des cinq ayant été créés à l'issue du Sommet sur l'Enseignement supérieur de février dernier.

Même s'il n'était pas dans leur mandat d'aborder la question de la démocratie étudiante, Lise Bissonnette et John Porter ont tout de même jugé nécessaire de souligner que le «vide juridique» entourant cet épineux dossier devrait être comblé plus tôt que tard.

Pierre Duchesne n'a cependant pas l'intention de s'y attaquer de sitôt, comme il l'a signalé dans le passé.

«C'est le troisième rapport qui est déposé. Il en reste deux, et pas les moindres: un sur la formation collégiale et un sur la formule de financement des universités», a-t-il exposé.

«On a encore beaucoup de travail à faire. On s'attaquera à cette question-là par la suite», a conclu le ministre.

Les rapports des deux derniers chantiers sont attendus en juin 2014, selon les informations disponibles sur le site Internet du ministère de l'Enseignement supérieur, de la recherche, de la science et de la technologie.