Les négociations sont rompues entre l'Association des garderies privées du Québec (AGPQ) et le gouvernement Marois au sujet des compressions budgétaires. L'AGPQ planifie maintenant des moyens de pression allant jusqu'à une réduction des heures de service et des journées de fermeture. «Je vous le dis: ça va brasser!», a lancé hier son président, Sylvain Lévesque.

Après avoir conclu un accord avec les centres de la petite enfance (CPE), la ministre de la Famille, Nicole Léger, n'arrive pas à s'entendre avec les garderies privées subventionnées. Elle a accepté de réduire de 18 à 15 millions les compressions, mais elles sont toujours trop élevées aux yeux de l'AGPQ. Ces coupes représentent environ 25 000$ par garderie. Elles se traduiraient par des mises à pied, estime M. Lévesque.

Le climat est tendu entre l'AGPQ et le gouvernement. Une rencontre avec la ministre Léger a tourné au vinaigre vendredi. «Elle est d'une intransigeance totale, a lancé Sylvain Lévesque. Elle est entrée avec ses grands sabots pour imposer ses choses. On a essayé d'étaler les compressions sur deux ans ou trois ans, mais il n'y a aucune place à la négociation. Ça fait quatre fois qu'on se rencontre, et je ne sais pas pourquoi on se rencontrerait à nouveau.»

Une assemblée déterminante

L'AGPQ organise une assemblée générale cette semaine afin d'adopter des moyens de pression. Elle a déjà obtenu un mandat de cinq journées de fermeture lors de la dernière assemblée. Furieux, « les gens étaient debout sur les chaises!», a souligné M. Lévesque.

L'AGPQ prévoit une manifestation, puis une réduction des heures de service. «On va ouvrir à 8h au lieu de 7h pendant une semaine. Et la semaine suivante, on va ouvrir à 9h au lieu de 7h. Et si ça ne fonctionne pas, on va utiliser nos journées de grève», a-t-il expliqué, sans être en mesure de donner de dates précises. Il assure que les parents appuient les garderies privées. «On les a sondés, et ils n'en veulent pas de coupures dans notre réseau», a-t-il dit.

Selon l'accord conclu avec l'Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE), le gouvernement Marois ira chercher 31 millions dans les surplus d'un CPE sur cinq, c'est-à-dire ceux qui en ont le plus. Donc 80% des CPE échappent aux compressions. Québec voulait au départ imposer des coupes de 38 millions à l'ensemble des CPE. Rappelons que les surplus accumulés des CPE atteignent 222 millions de dollars.

Réduction des subventions

Selon l'AGPQ, le gouvernement Marois est inéquitable envers les 600 garderies privées du Québec. Il veut réduire leurs subventions alors qu'elles sont toujours moins élevées que celles des CPE (37,53$ par jour par place comparativement à 38,35$, selon les données de 2012-2013).

Sylvain Lévesque accuse d'ailleurs le gouvernement Marois de renier une entente signée sous les libéraux et visant à donner progressivement aux garderies privées les mêmes subventions que les CPE. Il rappelle également que, contrairement aux CPE, l'État ne paie pas pour les immobilisations des garderies privées.