Les organisations qui enquêtent sur la tragédie de Lac-Mégantic sont si nombreuses dans la «zone rouge» du centre-ville qu'elles se nuisent, selon le représentant de l'une d'entre elles.

«Il y a trop d'enquêtes parallèles, on se marche sur les pieds», a affirmé Ed Belkaloul, porte-parole et enquêteur principal du Bureau de la sécurité des transports (BST), dimanche en début de soirée. Le BST est un organisme indépendant chargé de recommander des améliorations aux systèmes de transports canadiens.

M. Belkaloul n'a pas voulu nommer «les intervenants» qui causent des problèmes à son organisation. Ce n'est pas la Sûreté du Québec (SQ), a-t-il toutefois confirmé. «Eux, ils sont prioritaires, c'est certain, a-t-il reconnu. Tant qu'on ne perd pas de preuve, il n'y a pas de problèmes.»

Transports Canada a entamé deux enquêtes: une sur le transport des produits dangereux et une autre sur la sécurité ferroviaire, a indiqué Ed Belkaloul.

Par ailleurs, le Bureau du coroner fait sa propre enquête sur la mort des 50 victimes de la tragédie. Cette investigation serait toutefois extrêmement liée à celle de la SQ.

L'entreprise ferroviaire Montreal, Maine&Atlantic Railway (MMA) a aussi affirmé vouloir comprendre ce qui était arrivé avec son train.

La SQ «surprise» par les méthodes du BST

Selon la SQ, il n'y a pas de tensions entre les différents intervenants qui ont pour mission de faire la lumière sur les événements de Lac-Mégantic.

Si de petites prises de bec peuvent survenir dans un contexte où plusieurs individus fatigués sont longtemps exposés à la chaleur, aucune mésentente particulière ne règne entre les différentes enquêtes.

«La compréhension des mandats de chacun a peut-être pris un temps à s'installer, a reconnu l'inspecteur Michel Forget. Mais au moment où je vous parle, il n'y a aucune tension, bien au contraire. [...] C'est sûr que, parfois, il y en a un qui ne peut pas avancer à cause de l'autre. Mais on attend qu'une certaine chronologie de choses se passe.»

L'inspecteur Forget a toutefois admis que son organisation avait été «surprise» par la première conférence de presse du BST, trois jours après la tragédie. L'organisation fédérale avait alors exposé une chronologie détaillée des événements qui ont mené au déraillement du train de la MMA.

«Eux, ils ont un cadre législatif qui leur permet peut-être de dévoiler ça, a-t-il affirmé. On a été surpris. Mais fâchés? C'est faux. On s'est ajustés, on leur a demandé si c'était possible de se parler pour voir comment ils font les choses, comment on peut les faire.»

Selon M. Forget, le contenu de la première conférence de presse du BST ne devrait pas nuire à un éventuel procès criminel. «Ce n'est pas préjudiciable, pas du tout», a-t-il assuré.