On ignore encore le degré de contamination des sols à Lac-Mégantic. Tant que l'enquête policière s'y poursuit, le ministère de l'Environnement ne peut pas y faire cette évaluation.

«Nous sommes autorisés seulement à faire une opération d'urgence, pomper l'huile rassemblée en nappe ou en flaque, pour limiter la contamination», explique le ministre Yves-François Blanchet.

Mercredi en fin d'après-midi, un premier examen rapide des sols lui a permis de constater «la présence de plus d'un mètre de boue fortement contaminée».

Creuser le sol

On sait déjà que les millions de litres utilisés pour éteindre les incendies et refroidir les wagons ont «forcément été contaminés», dit M. Blanchet. Ce ruissellement devra être arrêté. «Une partie est déjà dans le sol, une importante surface sera contaminée. Il faudra carrément creuser le sol et arracher ça.»

À quelle profondeur? «Des tests de sol seront nécessaires pour le savoir», répond M. Blanchet.

Décontaminer le sol pourrait prendre «des mois, des années», ajoute-t-il prudemment, sans vouloir s'avancer davantage à ce stade-ci. Mais la contamination du sol progresse beaucoup moins vite que celle de l'eau, essentiellement dans la rivière Chaudière. «Le premier enjeu était de contenir la propagation du pétrole, on a réussi à la limiter. Le pompage est maintenant la priorité.»

Une partie du pétrole s'est déjà volatilisée dans l'atmosphère. Une autre se dépose lentement au fond de la rivière. Un problème qui serait encore pire s'il s'agissait de pétrole lourd, et non de pétrole léger.

La «quasi-totalité» du pétrole a toutefois été contenue dans un réseau d'estacades [barrages flottants] sur la rivière, entre Saint-Georges et Lac-Mégantic, soit sur une longueur de 100 kilomètres, rapporte M. Blanchet. On ignore encore le volume déversé. Les premières évaluations variaient entre 50 000 et 150 000 litres. La fourchette se situe maintenant entre 100 000 et 120 000 litres, selon le ministre.

Pourquoi n'a-t-on pas terminé le pompage? «C'est très difficile, c'est une substance rebelle à capter», résume-t-il.

Selon son ministère, l'huile formait une couche de surface moins épaisse qu'une feuille de papier. On pompait donc plus d'eau que de pétrole. Le système d'estacade permet de concentrer le pétrole en un même lieu pour mieux le pomper. Mais au début de l'opération, le pompage n'était pas encore très efficace, reconnaît-il. «On devient plus efficace chaque jour», poursuit-il. Québec envisage aussi «des scénarios avec davantage d'équipement». Une cinquantaine de personnes y travaillent.

Oiseaux et poissons morts

Pendant ce temps, les dégâts sont déjà bien visibles. On dénombre déjà «quelques cas» d'oiseaux et de poissons morts. «Un écosystème de 100 kilomètres avec une pellicule [de pétrole] qui flotte, ce n'est pas bon pour la santé des animaux, c'est certain. Mais il n'y a pas de menace pour une espèce, on n'est pas dans cette amplitude-là.»

Malgré certains dommages permanents inévitables, la rivière sera décontaminée, assure le ministre. Des espèces fragiles de poissons ont été observées mercredi, pour lesquelles on ne notait pas de changement de comportement.

Pour le reste, il ne veut pas qualifier l'impact sur la faune et la flore. «Je ne veux rien minimiser ou exagérer. On a encore des surprises. Mardi, j'ai constaté qu'une nappe d'huile de 3000 mètres carrés était passée par les égouts et s'était rendue sur le lac Mégantic.

«Hier en fin de journée, elle était nettoyée. Le seul risque qui reste, c'est qu'un orage transporte de l'huile des tuyaux de la ville jusqu'au lac, quoique les estacades devraient la contenir dans cette éventualité. La situation évolue rapidement, tout peut changer au jour le jour, c'est encore imprévisible.»