Pendant que l'Assemblée nationale s'apprête à mettre ses drapeaux en berne, le gouvernement péquiste annonce un plan d'aide d'urgence de 60 millions de dollars pour Lac-Mégantic.

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«C'est une première tranche d'aide, on est conscient que ce n'est pas suffisant», a indiqué la première ministre Pauline Marois. D'autres sommes pourraient être annoncées. Et elle s'attend à ce que le fédéral «fasse sa part», sans vouloir chiffrer l'aide minimale attendue.  

Pour répondre à «l'urgence», Québec rend disponible dès maintenant une première tranche de 25 millions.

Dans cette enveloppe, huit millions iront aux citoyens. Les familles évacuées auront droit à «une aide forfaitaire de premier recours» de 1000 dollars. On remboursera aussi jusqu'à 20 dollars par jour les frais d'hébergement et de ravitaillement occasionnés par la tragédie. De l'aide est aussi prévue pour l'entreposage, le déménagement, les travaux temporaires ou d'urgence et la reconstruction, jusqu'à hauteur de 153 150 dollars. Les citoyens ne se buteront pas à la bureaucratie, promet-elle. «Le chèque sera émis le jour même (de leur demande).»

Toujours dans le fonds d'urgence, on prévoit sept millions pour permettre à la municipalité de «parer au plus pressant». Et un autre 10 millions pour que les entreprises touchées se relocalisent et reprennent leurs activités.

Payer la reconstruction

Au fonds d'urgence d'ajoute un autre fonds de 25 millions de dollars, qui servira à reconstruire le centre-ville de Lac-Mégantic et ses infrastructures.  Un «intérêt particulier» sera porté aux édifices patrimoniaux. Québec payera en outre la totalité des travaux en infrastructures, même ceux qui ne sont généralement pas admissibles aux programmes du ministère des Affaires municipales.   

Enfin, pour relancer l'économie locale, un fonds spécial de 10 millions sera mis en place. Les paramètres ne sont pas encore définis.

Ces trois fonds totalisent 60 millions de dollars.

Tous les Québécois partagent le deuil de Lac-Mégantic, dit Mme Marois. Les drapeaux de tous les édifices publics seront ainsi mis en berne pendant une semaine, à partir de demain.

«Colère» contre la Montréal, Maine & Atlantic Railway

La Sûreté du Québec et le Bureau de la sécurité des transports du Canada mènent déjà des enquêtes pour comprendre les causes de la tragédie. Sans conclure à la responsabilité de la société ferroviaire Montreal, Maine & Atlantic Railway, Mme Marois critique l'attitude de son dirigeant, qui a attendu plusieurs jours avant de se rendre sur les lieux du drame, n'a pas exprimé de remords et a critiqué le travail des pompiers volontaires. «En plus de notre profonde tristesse, nous éprouvons un sentiment de colère bien légitime. Les questions sont nombreuses et toutes les réponses devront être données», a-t-elle lancé. L'attitude du président a été selon elle «complètement déplorable».

Mme Marois ne veut pas se prononcer sur l'encadrement réglementaire du transport de matières dangereuses par train, qui est de compétence fédérale. Ottawa a notamment permis à la MMA d'avoir seulement un opérateur et d'utiliser des wagons-citernes jugés peu sécuritaires. Seulement 35 inspecteurs se partagent la vérification du transport ferroviaire de matières dangereuses pour l'ensemble du Canada. Des rapports avaient pourtant prévenu qu'il faudrait resserrer l'encadrement. «Pour l'instant, tout ce que je pourrais faire c'est de spéculer. On va d'abord regarder les faits (...) Nous allons prendre le temps de bien faire ce travail d'analyse», a-t-elle indiqué. Il est «trop tôt pour présumer» de possibles représentations auprès du gouvernement Harper à cet égard, elle a donné la même réponse lorsque questionnée au sujet du projet d'oléoduc Enbridge 9B, qui acheminerait du pétrole lourd de l'Ouest aux raffineries québécoises.

Indemnisation pour victimes d'actes criminels ?

L'ancien ministre libéral de la Justice, Marc Bellemare, croit que les citoyens touchés devraient dès maintenant déposer une demande auprès du régime d'indemnisation des victimes d'actes criminels (IVAC). Le fardeau de preuve exigé par ce régime est moins important que devant les tribunaux, soutient-il. Il croit que des représentants de l'IVAC devraient se rendre sur les lieux du drame. Mme Marois ne veut pas trancher pour l'instant. «La question sera évaluée, dit-elle. On indiquera aux citoyens si c'est une avenue à exploiter.»



Le député libéral de Mégantic, Ghislain Bolduc, est satisfait de l'annonce. «Quand on connaît l'ampleur des dommages ici, on comprend que ça ne constitue qu'une première étape», a-t-il indiqué. Son bureau de circonscription a été brûlé. «On va suivre chaque étape pour s'assurer que le travail est bien fait et que les gens soient servis de la meilleure façon», ajoute-t-il. Il se réjouit que le service aux sinistrés sera offert via un guichet unique, comme le souhaitait entre autres le chef libéral Philippe Couillard.