Des citoyens vivant près d'une voie ferrée sont préoccupés par la tragédie du Lac-Mégantic. Certains, par contre, se disent impuissants advenant une catastrophe, tout en espérant plus de communication et de transparence de la part des autorités concernées.

Dormir tranquillement et, soudainement, se faire réveiller en plein milieu de la nuit par un bruit fort. Alors qu'on est confortablement étendu dans son lit, même le logement se met à vibrer. Ça ne dure que quelques secondes, mais le phénomène revient à quelques reprises durant les heures de sommeil.

Pollution

C'est la réalité quotidienne de plusieurs citoyens qui résident près d'une voie ferrée. »Je me fais réveiller plusieurs fois dans la nuit. Les bruits reviennent tout le temps. On ne ferme jamais véritablement l'oeil", témoigne Gaetano Rugginenti.

M. Rugginenti habite dans le quartier Rosemont-La Petite-Patrie. Son duplex est situé à quelques mètres d'une des nombreuses voies ferrées de Montréal. Le train passait déjà à cet endroit lorsqu'il a acheté sa résidence, ce qui ne l'a pas freiné lors de la transaction. »On parle souvent de la pollution de l'air, des déchets et de l'eau. Mais on parle rarement de la pollution des trains. Ils font beaucoup de bruit et des nuages de poussière quand ils passent", décrit-il.

Une observation corroborée par un de ses voisins. »Il y a des trains qui passent quatre ou cinq fois par jour. On doit arrêter de parler lorsqu'ils circulent", a dit celui lui préfère garder l'anonymat.

Des questions sans réponse

Benoît Arteau est directeur des ventes chez Papiers et Emballages Arteau. L'entreprise familiale est située derrière plusieurs voies ferrées dans l'arrondissement de Rivière-des-Prairies. Depuis la tragédie de Lac-Mégantic, il sent une certaine inquiétude gagner les employés.

« La voie ferrée était là bien avant nous, rappelle M. Arteau. Les villes se sont bâties autour des voies ferrées, il ne faut pas l'oublier. Si un train venait à dérailler, sous la force de l'engin... qu'est-ce que vous voulez faire? Vous êtes impuissant. Il ne faut pas oublier qu'il arrive des tragédies une fois aux 50 ans. »

Situé rue Sherbrooke, le Collège Ville-Marie partage une clôture commune avec une voie ferrée. De la cour d'école, les élèves peuvent même voir passer les trains. Une situation qui préoccupe Djenaba Thiam, dont un enfant fréquente l'établissement.

« Mon enfant me dit qu'il arrive que des élèves vont marcher sur la voie ferrée pendant les heures de repos. C'est quand même inquiétant. On ne sait pas si l'école a prévu des mesures de sécurité ou si elle a informé les élèves des risques et des dangers des trains", souligne-t-elle.

Malgré l'insistance de La Presse, le directeur du Collège n'a pas répondu à nos appels. »J'espère qu'ils ont un plan de sécurité adapté pour les trains, s'interroge Mme Thiam. C'est discutable d'avoir construit une école aussi près d'une voie ferrée. »

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