Le chef du NPD, Thomas Mulcair, réclame la tenue d'une nouvelle enquête indépendante pour faire la lumière sur les agissements des policiers militaires canadiens dans le centre de détention de Kandahar durant leur mission en Afghanistan.

Commentant pour la première fois les révélations de La Presse de cette semaine selon lesquelles des policiers militaires ont instauré un climat de terreur dans les cellules sous leur responsabilité, M. Muclair a soutenu mercredi qu'une nouvelle enquête est le seul moyen d'aller au fond des choses.

En tout, une quarantaine de détenus afghans se trouvaient dans les cellules du centre de détention quand, en décembre 2010 et janvier 2011, les policiers militaires canadiens ont effectué des entrées dynamiques. Ces incursions, qui ont été filmées par ces caméras de surveillance, ont d'abord eu lieu dans les cellules inhabitées. Mais elles ont par la suite pris de l'ampleur. Un soir de janvier, les policiers ont fait irruption dans une cellule avec détenus, provoquant un climat de terreur au point où des détenus ont uriné dans leurs vêtements.

« Nous sommes très préoccupés par ces informations qui nous ramènent au début des élections en 2011 », a affirmé le chef du NPD à l'issue d'une réunion de son caucus.

« Je ne pense pas que monsieur Harper et son gouvernement vont dire la vérité aux Canadiens là-dessus. Ils masquent toujours la vérité dans tout ce qui est militaire, mais comme Canadien, je suis extrêmement préoccupé par ce qui est arrivé aux êtres humains en question. Je suis aussi très préoccupé pour notre image à l'étranger face à cette réalité-là », a-t-il ajouté.

« C'est évident que ça prendrait une enquête », a-t-il encore dit.

La Presse a révélé lundi que le Service national d'enquête (SNE) des Forces canadiennes avait ouvert une enquête en janvier 2011 sur ces incidents au centre de détention de Kandahar après avoir été saisi d'une plainte. Au terme de cette enquête de plus de deux mois, le SNE n'a pas déposé d'accusations contre les officiers supérieurs qui ont ordonné ces entrées dynamiques.

Le commandant du SNE, le lieutenant-colonel Francis Bolduc, a indiqué mardi que les policiers militaires en mission en Afghanistan n'auraient jamais dû effectuer des entrées dynamiques dans le centre de détention de la base de Kandahar où se trouvaient des prisonniers afghans.

Toutefois, il a affirmé que ces exercices n'avaient pas pour but d'intimider les détenus pour les forcer à dévoiler des informations qui auraient pu être utiles aux soldats canadiens ou à leurs alliés occidentaux dans leur mission de combat contre les insurgés talibans

Il a affirmé que les entrées dynamiques visaient à s'assurer que les policiers militaires « comprenaient bien leurs responsabilités, leur rôle et leur façon de réagir à des situations qui pouvaient survenir au centre de détention », comme des émeutes ou du grabuge au moment où l'on comptait une plus grande population carcérale, soit une quarantaine de détenus.

« La planification, l'exécution, tout cela n'a pas été fait de façon adéquate. Mais rien durant l'enquête ne nous a démontré que le but de ces exercices était pour intimider les détenus et extirper de l'information lors des interrogatoires. Les policiers militaires n'étaient pas impliqués dans ce genre de tâche » a dit le lieutenant-colonel Bolduc.

« Le but de ces entraînements était de s'assurer que les membres qui travaillaient au centre de détention connaissaient bien leur procédure. (...) L'allégation était qu'un détenu avait été maltraité. L'enquête a démontré qu'en aucun temps, les détenus n'avaient été maltraités de la part des militaires canadiens ou des policiers militaires. »