Le président de la FTQ, Michel Arsenault, tente d'empêcher la commission Charbonneau de diffuser ses conversations interceptées par la Sûreté du Québec, un bras de fer qui pourrait empêcher l'enquête publique d'utiliser toute écoute électronique.

Le Fonds de solidarité FTQ a déposé une requête hier au nom de Michel Arsenault et Guy Gionet, ancien président du Fonds immobilier. Ceux-ci tentent d'empêcher à la Commission de diffuser tout enregistrement d'employés de la FTQ capté par les policiers.

La demande de leur avocat, Me Jean-Claude Hébert, va plus loin puisque celui-ci affirme que l'enquête publique n'a pas la compétence de diffuser des conversations interceptées par les policiers. «L'écoute électronique, c'est pour des enquêtes criminelles et ça doit servir à des enquêtes criminelles, pas des enquêtes administratives», a plaidé Me Hébert. Celui-ci a invoqué les dispositions sur le droit à la vie privée, ajoutant que la réputation et la dignité sont des droits fondamentaux.

La Sûreté du Québec dit avoir enregistré pas moins de 350 000 conversations téléphoniques, pour un total de 20 000 heures d'écoute, lors de l'opération Diligence. Une importante partie visant les plus hauts dirigeants de la FTQ, FTQ-Construction et du Fonds de solidarité FTQ.

Durant sa plaidoirie, l'avocat a dit avoir peu d'espoir de voir la juge France Charbonneau accepter sa requête. Disant avoir fait une simple «visite de courtoisie», il a prévenu qu'il pourrait s'adresser aux tribunaux pour empêcher la commission d'utiliser l'écoute électronique.

Extraits explosifs

Déjà, des extraits ont été entendus par la Commission. Lors du témoignage de l'entrepreneur Joe Borsellino, des conversations interceptées de Jocelyn Dupuis, ex-directeur général de la FTQ-Construction, ont été entendues. Ces écoutes révélaient les liens entre Borsellino et l'ex-ministre Tony Tomassi. On a pu comprendre également qu'une guerre en coulisses s'était jouée entre Joe Borsellino et l'entrepreneur Tony Accurso pour l'accès au Fonds de solidarité FTQ.

Le nom de Michel Arsenault a d'ailleurs fait surface à la Commission dans ces enregistrements, lors d'une conversation entre Jocelyn Dupuis et Joe Borsellino entendue cet hiver. «Arsenault, on va l'avoir», avait lancé Dupuis. «Non, on va le travailler tranquillement», avait répondu aussitôt Borsellino.

Demandant lui aussi à ce que l'écoute électronique soit interdite, Guy Gionet dirigeait jusqu'en mai 2009 le bras immobilier du Fonds de solidarité FTQ. Il avait dû quitter son poste en après une vérification interne. La Presse avait révélé à l'époque qu'un rapport avait soulevé des doutes quant au bien-fondé de la décision de Gionet en faveur d'entreprises où se trouve Ronald Beaulieu, sympathisant des Hells Angels.