Un chef micmac dénonce le fait que le nom d'un parc national évoque un général britannique qui voulait jadis exterminer les Premières Nations en propageant la variole.

John Joe Sark soutient que l'allusion «insultante» au général Jeffery Amherst devrait être éliminée du Lieu historique national du Canada de Port-la-Joye-Fort Amherst, près de Charlottetown, à l'Île-du-Prince-Édouard.

«Pourquoi devraient-ils nommer une place publique en l'honneur du barbare et du tyran qu'était cet homme? Il était peut-être un héros pour le gouvernement colonial (...) mais il n'est pas un héros pour le peuple micmac», a-t-il tranché.

Le chef Sark a écrit au gouvernement fédéral pour qu'il choisisse un nom qui refléterait davantage la présence des Micmacs à cet endroit lorsque les colons européens sont arrivés - et le fait qu'ils y vivent d'ailleurs toujours. Il affirme qu'il n'a pas reçu de réponse de la ministre de l'Environnement, Catherine McKenna.

«Nous ne tentons pas de réécrire l'histoire, mais nous voulons écrire la vraie histoire. Ce que nous lisons dans les...livres ne représente pas toute (la réalité)», a écrit le chef Sark.

Le bureau de la ministre McKenna a affirmé qu'elle avait bien reçu la missive du chef autochtone, et qu'elle examinerait ses revendications.

Parcs Canada a expliqué dans un courriel que la Commission des lieux et monuments historiques du Canada, un comité consultatif, avait étudié la possibilité de changer le nom du parc en 2009, mais elle avait finalement choisi de s'y opposer.

«(La Commission) examinerait et donnerait sa recommandation pour toute nouvelle proposition pour changer le nom du Lieu historique national du Canada de Port-la-Joye-Fort Amherst», a ajouté l'agence dans son message.

Le général Jeffery Amherst a dirigé l'armée britannique en Amérique du Nord pendant la guerre de Sept Ans contre les Français. C'est lui qui a aussi été le premier gouverneur de la Nouvelle-France, tombée aux mains de la Grande-Bretagne après la Conquête de 1760.

Selon les historiens, Jeffery Amherst détestait les Autochtones; il a même suggéré, dans une lettre, de les exterminer en leur distribuant des couvertures infectées par des malades atteints de variole («petite vérole»).

Le lieu historique national de Port-la-Joye-Fort Amherst marque l'emplacement de la première colonie européenne de l'île Saint-Jean (l'actuelle Île-du-Prince-Édouard), établie par les Français en 1720. Après être tombé aux mains des Britanniques en 1758, le site a été un lieu majeur de la Déportation des Acadiens.

L'Université Amherst, au Massachusetts, a décidé le mois dernier que le militaire britannique du 17e siècle n'apparaîtrait plus dans les communications officielles de l'établissement fondé en 1821.

Une rue de Montréal porte aussi son nom, dans le «village», et à la suite du décès de Jacques Parizeau, l'an dernier, une pétition a circulé pour que l'on renomme la rue Amherst du nom de l'ex-premier ministre.