Le vérificateur général du Canada, Michael Ferguson, a noté un grand flou au sein de Services partagés Canada, l'organisme créé en 2011 afin de gérer l'ensemble des services informatiques du gouvernement fédéral.

Ce ministère qui dépense près de deux milliards de dollars par année pour livrer ses services à une quarantaine d'entités fédérales coordonne mal la protection de la sécurité des systèmes informatiques, il est incapable de déterminer s'il réalise des économies d'échelle et il peine à établir et communiquer ses objectifs à long terme à ses partenaires.

Dans un rapport publié mardi matin, le vérificateur Ferguson note que ces responsabilités sont pourtant au coeur du mandat de cet organisme afin de mieux assurer la sécurité des systèmes informatiques du Canada et de réaliser des économies d'échelle dans ce qui est devenu l'une des dépenses les plus importantes de la machine fédérale.

«Tous les partenaires [NDLR les ministères et organismes fédéraux] que nous avons consultés ont mentionné que le manque de rapports concernant la sécurité les préoccupait parce qu'ils restent responsables de la sécurité globale de leurs programmes et de leurs services», peut-on lire dans le rapport. Ces partenaires incluent la GRC, l'Agence du revenu du Canada et le ministère des Affaires étrangères.

Ces constats à l'égard de la sécurité surviennent alors que le gouvernement fédéral a été la cible au cours des dernières années d'attaques continues sur ses systèmes, dont certaines qui ont paralysé les activités informatiques et engendré la perte de renseignements importants.

Le vérificateur donne l'exemple dans son rapport d'une panne de 40 minutes survenue pour tous les appareils de communication des premiers répondants de la Saskatchewan en 2014, lorsque SPC a désactivé accidentellement une fonction essentielle du réseau.

«Pendant ces 40 minutes le 24 mars 2014, les services de police, d'incendie et d'urgence médicale de toute la Saskatchewan n'ont pu ni recevoir d'appels du centre de répartition ni lui en transmettre, et ils ne pouvaient pas communiquer entre eux pour signaler les situations d'urgence et coordonner leur intervention au moyen du système radio, a écrit M. Ferguson. Les premiers intervenants se sont rabattus sur leurs téléphones cellulaires personnels, même si la réception est sporadique dans la province, et même nulle dans certaines collectivités éloignées.»

Surveillance des exportations et prestations d'invalidité

Les huit rapports déposés mardi au Parlement portent sur une série de sujets, dont la surveillance par l'Agence canadienne des services frontaliers des quelque 500 milliards de dollars en marchandise exportée du Canada par année.

Le vérificateur a constaté qu'il lui manquait les ressources et les pouvoirs légaux afin de mener une vérification adéquate de ces marchandises et s'assurer que les lois sont respectées.

Par exemple, le fait que l'exportation de marchandises de moins de 2000 $ n'ait pas à être déclarée limite la possibilité de l'Agence à contrôler l'exportation de drogues, note le rapport.

De plus, bien que l'exportation de 700 véhicules volés ait été empêchée entre avril 2013 et décembre 2014, plusieurs envois ne peuvent être vérifiés, faute de ressources nécessaires. Environ 20 % des envois ciblés par l'Agence comme étant à «risque élevé» ne peuvent ainsi être inspectés.

«Si ces déficiences et ces restrictions étaient éliminées, l'Agence serait en mesure de prévenir l'exportation d'un plus grand nombre d'envois non conformes et donc de mieux protéger le Canada et ses alliés, de mieux lutter contre le crime organisé et de faire en sorte que le pays s'acquitte de ses engagements internationaux», conclut le vérificateur.

Trop difficile d'obtenir des prestations d'invalidité

Michael Ferguson a enfin souligné la complexité et les délais parfois trop longs des demandes de prestation d'invalidité versées en vertu du Régime de pensions du Canada.

«Un requérant peut mettre plusieurs mois à présenter une demande régulière, en partie à cause de la complexité des documents à produire, a déploré le vérificateur. Ces constatations sont importantes parce que les personnes atteintes d'une invalidité grave et prolongée peuvent avoir de la difficulté à remplir des formulaires complexes.»

Ce programme instauré en 1966 verse en moyenne 842 $ par mois à des personnes qui ne peuvent pas travailler en raison d'une invalidité grave et prolongée, de nature physique ou mentale.

La trousse de demande de prestations d'invalidité contenait 8 documents, pour un total de 42 pages.