Les négociations de la dernière chance ont échoué, cet après-midi, rendant l'éventualité d'une loi spéciale virtuellement inévitable dans le domaine de la construction institutionnelle, commerciale et industrielle.

Les deux parties discutaient depuis midi samedi, après que la ministre du Travail eut annoncé que l'Assemblée nationale serait convoquée dès dimanche matin pour forcer le retour au travail des grévistes. Du même souffle, Agnès Maltais demandait toutefois aux parties de continuer à négocier jusqu'à la session extraordinaire.

«Nous sommes extrêmement déçus», a indiqué Éric Côté, porte-parole du camp patronal. 

«Face à l'entêtement de l'ACQ, il semble que ce soit la seule option qui reste, a pour sa part affirmé Yves Ouellet, porte-parole de l'Alliance syndicale. Dans cette éventualité, nous espérons que les parlementaires se baseront sur les ententes que nous avons négociées de bonne foi au cours des derniers jours comme modèles de conditions de travail pour le secteur.» 

Dans un point de presse tenu à Québec près après 10h, Agnès Maltais a affirmé avoir donné la chance aux coureurs, avant d'ajouter que le débrayage du secteur «commercial, industriel et institutionnel» ne pouvait perdurer.

«Hier soir, le médiateur nous a annoncé qu'il y avait impasse, a indiqué Mme Maltais. Maintenant, ça fait neuf jours ouvrables qu'il y a une grève dans ce secteur. Je pense que nous avons assez attendu.»

Par ailleurs, syndicats et patrons ont été «satisfaits, voire soulagés» par le cadre de la loi spéciale qui leur a été présenté hier soir, a assuré la ministre.

Convocation

Dans une lettre envoyée samedi matin au président de l'Assemblée nationale, la première ministre Pauline Marois lui demande de convoquer les députés au parlement pour une séance extraordinaire à compter de 9h45 dimanche. L'objectif: «Permettre la présentation d'un projet de loi visant la reprise des travaux dans l'industrie de la construction ainsi que procéder à toutes les étapes de son étude». L'adoption de la loi se fera à toute vapeur, en quelques heures, en vertu des règles exceptionnelles qui s'appliquent dans le cas des lois spéciales.

«Au cours des dernières semaines, le gouvernement a fait valoir à de nombreuses reprises qu'il souhaitait que les deux parties en arrivent à une entente négociée de plein gré. Je constate malheureusement une impasse dans les négociations et qu'il n'y a toujours pas d'entente à la table institutionnelle-commerciale et industrielle. J'ai donc demandé au président de l'Assemblée nationale de réunir en urgence les députés pour faire adopter un projet de loi spéciale afin de mettre un terme au conflit», a déclaré par voie de communiqué Mme Marois, qui revient samedi d'une mission au Mexique.

Treize jours, dont neuf ouvrables

Les 77 000 travailleurs du secteur institutionnel, commercial et industriel sont en grève pour une treizième journée, samedi. Les négociations entre l'Alliance syndicale et l'Association de la construction du Québec (ACQ) ont achoppé la veille. Les efforts du médiateur spécial nommé par Mme Marois lundi, Normand Gauthier, n'ont pas suffi à rapprocher les parties.

Vendredi soir, le président de l'ACQ, Jean Pouliot, a envoyé une lettre à Pauline Marois pour lui demander d'adopter une loi spéciale incluant des demandes patronales sur les horaires de travail, les conditions salariales et la mobilité de la main-d'oeuvre. «Une négociation très corsée a eu lieu», mais elle «doit malheureusement se terminer par une intervention du gouvernement québécois», écrit-il. De son côté, l'Alliance syndicale a blâmé le patronat et a fait valoir qu'elle a déposé une nouvelle proposition vendredi après-midi.

Les 57 000 travailleurs du secteur résidentiel et leurs 41 000 collègues de la voirie et du génie civil sont retournés au boulot plus tôt cette semaine à la suite de la conclusion d'ententes de principe.

Avec la loi spéciale, tous les chantiers du Québec seront actifs à compter de mardi.