La Société d'assurance automobile du Québec (SAAQ) compte réagir promptement aux recommandations du coroner Yvon Garneau, qui souhaite imposer pas moins de neuf points d'inaptitude aux conducteurs utilisant le cellulaire au volant.

C'est ce qu'a confirmé mardi le porte-parole de la SAAQ, Mario Vaillancourt. «On a le rapport du coroner en main, on est actuellement à l'analyse du dossier et on devrait déterminer d'ici quelques semaines si la SAAQ remettra des recommandations au ministre des Transports du Québec», a-t-il indiqué.

D'ici là, le coroner Yvon Garneau souhaite que des mesures plus sévères soient adoptées le plus rapidement possible à l'endroit de ces conducteurs. «Est-ce qu'on va attendre qu'il y ait d'autres blessés, d'autres paraplégiques, d'autres morts? Il faut agir maintenant, right now», dit-il sans détour. Dans son rapport dévoilé lundi, le coroner recommande d'amender le Code de la sécurité routière afin que l'utilisation du cellulaire au volant entraîne dorénavant neuf points d'inaptitude. Il suggère également d'imposer aux fautifs la saisie de leur téléphone pour une période de 30 jours. En vertu du Code de la sécurité routière, un conducteur qui utilise le cellulaire au volant est actuellement passible d'une amende de 115$ et de l'inscription de trois points d'inaptitude dans son dossier de conduite.

Le rapport passe au crible les circonstances de la mort d'Yves Vigeant, 51 ans, de Saint-Hyacinthe, et d'André Levasseur, 67 ans, de Sorel-Tracy. Le 25 octobre 2012, les deux hommes avaient été impliqués dans un violent accident de la route survenu sur une portion droite de la route 122 à Saint-Guillaume, près de Drummondville. «André Levasseur a été distrait en voulant répondre à son téléphone cellulaire et a percuté de plein fouet le véhicule conduit par Yves Vigeant», conclut le coroner dans son rapport.

Afin de déterminer si elle fera suivre les recommandations du coroner au ministre des Transports du Québec, la SAAQ devra notamment évaluer l'efficacité que pourraient avoir ces mesures auprès des conducteurs. Le ministre des Transports du Québec n'est toutefois pas tenu de suivre les recommandations de la SAAQ.

Des mesures «insuffisantes»

Selon le porte-parole de la SAAQ, en plus des infractions prévues par la loi, des initiatives tentent déjà de décourager l'utilisation du cellulaire au volant, notamment certaines campagnes de sensibilisation. Pour sa part, le coroner est d'avis que ces mesures sont «insuffisantes» et espère que son message sera entendu. «Est-ce que je vais devoir réécrire d'autres recommandations dans ce genre, en gros caractères, en gras et soulignées trois fois? Je ne sais pas ce que ça va prendre», lance le coroner. Il soutient également que le fait de parler au téléphone cellulaire est aussi dangereux que d'envoyer des messages textes. Quant aux dispositifs mains libres, il rappelle qu'ils peuvent aussi causer des accidents et devraient ainsi être utilisés «en cas de nécessité seulement».

Le porte-parole de la Sûreté du Québec (SQ) Daniel Thibodeau a indiqué que la SQ ne doit pas s'ingérer dans le processus de recommandations entre le coroner, la SAAQ et le ministère des Transports. «Ce que je peux vous dire, par contre, c'est que, de notre côté, toute loi qui peut améliorer le bilan routier serait la bienvenue», a-t-il dit.